Le climat s’électrise à Kinshasa à la veille du verdict très attendu du procès Mutamba, ancien ministre de la Justice. Poursuivi pour un présumé détournement de 19 millions de dollars destinés à la construction d’une prison à Kisangani, dans la province de la Tshopo, il est au cœur d’un dossier qui divise profondément l’opinion publique.
Ce mardi, le ministère public a adressé une réquisition à la Police nationale congolaise (PNC) pour assurer la sécurité autour des institutions judiciaires. Le document, signé par le procureur Isofa Nkanga Edmond, évoque des risques de violences : « À la suite du réquisitoire prononcé contre le prévenu Mutamba Tungunga Constant, certains individus incitent publiquement les citoyens à porter atteinte à l’intégrité physique des magistrats et aux troubles à l’ordre public. »
Dans cette réquisition, la police est appelée à « mettre sur pied une force nécessaire aux fins de sécuriser les bâtiments abritant la Cour de cassation et le Parquet général ». Les forces de l’ordre sont également invitées à interpeller « toute personne qui arborerait des effigies ou proclamerait des slogans en l’honneur du prévenu ». Le procureur ajoute que les agents devront poser « tout acte légal et utile » pour éviter toute perturbation.
L’ordre insiste sur « l’urgence » et demande un rapport détaillé sur l’exécution des consignes.
Dix ans requis contre Mutamba
Le 13 août dernier, le ministère public a requis dix ans de travaux forcés contre Constant Mutamba. Selon l’accusation, les 19 millions de dollars destinés au chantier pénitentiaire de Kisangani auraient été versés à Zion Construction, une société considérée comme fictive.
Mutamba, qui a démissionné de son poste du ministre de la Justice après la levée de son immunité parlementaire, rejette les accusations et parle d’une « machination politique ». Il affirme que les fonds se trouvent toujours sur un compte à la Rawbank, intactes.
Un procès à rebondissements
L’affaire a déjà connu plusieurs rebondissements. Deux magistrats ont été récusés pour suspicion de partialité, ce qui a alimenté les critiques sur l’indépendance du pouvoir judiciaire. Les audiences se déroulent dans un climat tendu, marqué par la mobilisation constante des partisans du prévenu.
À Kinshasa, certains organisent des veillées à son domicile, tandis que dans la diaspora, des militants réclament son acquittement immédiat.
La Cour de cassation rendra son verdict ce mercredi 27 août. À suivre...
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