Trois mois après leur nomination par une ordonnance présidentielle, les magistrats expriment un profond malaise. Sans salaires ni frais de fonctionnement depuis leur entrée en fonction, ces hommes et femmes de loi envisagent d’organiser une marche pacifique dès la première semaine du mois de juillet, pour dénoncer ce qu’ils qualifient de « négligence administrative».
Bien plus qu’une simple revendication salariale, cette démarche met en lumière une contradiction criante : l’ambition affichée du renforcement de l’appareil judiciaire par le chef de l’État, et les réalités de terrain que vivent ceux qui doivent en être les piliers.
Pour ces nouveaux magistrats, il ne s’agit pas uniquement d’un problème financier. Le silence des institutions concernées est perçu comme un manque de considération envers leur rôle, pourtant central dans la lutte contre l’impunité et la consolidation des institutions.
Ce mouvement, en gestation, pourrait bien marquer un tournant symbolique : celui d’une prise de parole collective d’un corps souvent soumis au devoir de réserve, mais aujourd’hui confronté à l’épreuve de la survie.
Alors que les autorités judiciaires n’ont pas encore officiellement réagi, la société civile, elle, commence à s’en inquiéter. Plusieurs voix appellent le gouvernement à agir rapidement pour éviter que cette grogne ne s’étende à d’autres secteurs du service public confrontés à des retards similaires.
Dans un pays où la confiance envers l’institution judiciaire est encore fragile, la gestion de cette crise sera sans doute un test pour l’engagement du pouvoir à promouvoir une justice indépendante, mais aussi digne dans ses conditions d’existence.