En séjour au Japon à l’occasion de la 9e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 2025), le Chef de l'Etat angolais et Président en exercice de l’Union africaine, Joāo Lourenço, a lancé un appel pathétique aux opérateurs économiques nippons. Devant un parterre d’investisseurs réunis lors de la conférence et exposition d'affaires organisée par Japan Foreign Trade Authority (JETRO ), il a exhorté le Japon à renforcer sa présence économique en Afrique, notamment à travers le grand projet du corridor transnational de Lobito, qui relie l’Angola, la RDC et la Zambie.

«Les investisseurs japonais sont particulièrement invités à s'intéresser et à investir dans le grand projet de corridor transnational de Lobito, qui va révolutionner le transport maritime et le commerce international en réduisant le temps et les coûts du transport maritime entre l'Asie, l'Afrique, l'Europe et l'Amérique », a déclaré Joāo Lourenço, citant en exemple la construction de lignes de transport, de sous-stations électriques dans le sud de l’Angola, ainsi que le projet du port de Moçâmedes.
Depuis son lancement en 1993, la TICAD constitue une plateforme centrale de dialogue entre le Japon et l’Afrique. Mais pour le chef de l’État angolais, les promesses d’investissement doivent désormais se traduire en actes concrets. Il a rappelé l’engagement pris par Tokyo lors de la TICAD 8 à Tunis en 2022, où un plan de 30 milliards de dollars d’investissements publics et privés avait été annoncé au profit du continent africain.
Il a déploré le fait que, malgré l'ensemble des investissements étrangers directs pour l'Afrique ont augmenté de 75% en 2024 en provenance du Japon la même année, l'Afrique n'a reçu qu'une part marginale de 0,5%, ce qui, selon lui, ne reflète en rien la capacité de Japon « dans cette domination, ni les immenses potentiels du continent africain pour absorber les capitaux et les transformer en résultats rentables comme cela s'est produit avec 60% de vos entreprises au cours de l'année de transition », a-t-il expliqué.
Pour Lourenço, ce succès sur le terrain est une preuve convaincante de la viabilité de l'Afrique en tant que marché en croissance. La disparité entre l'augmentation globale de l'investissement étranger direct en Afrique et la part du Japon, contrastée avec les plans de réussite et d'expansion des entreprises japonaises déjà présentes sur le continent, suggère un écart entre la perception et la réalité.
Le président angolais a également invité Tokyo à dépasser une relation basée sur l’exportation brute de matières premières.
« Il est vrai que votre pays a une très longue histoire d'importation de minéraux importants d'Afrique dans votre industrie, et à cet égard, nous aimerions vous encourager à passer d'une vision simplement extractiviste de la relation avec l'Afrique à une autre qui prévoit le traitement de ces minéraux matières premières, par moins certaines de ses phases là, contribuant ainsi à l'industrialisation du continent », a-t-il martelé.
Joāo Lourenço a enfin mis en avant les opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui ouvre un vaste marché de plus d’un milliard de consommateurs. Énergie verte, transformation numérique, développement du capital humain et industrialisation figurent, selon lui, parmi les domaines où une coopération renforcée entre l’Afrique et le Japon pourrait produire des résultats concrets et améliorer les conditions de vie des populations africaines.
Avec cet appel, l’Angola et l’Union africaine espèrent convaincre Tokyo d’intensifier son engagement sur le continent, dans un partenariat qui se veut gagnant-gagnant.
Rappelons par ailleurs que le corridor de Lobito est un projet d'infrastructure majeur reliant le port de Lobito en Angola à la République démocratique du Congo (RDC) et à la Zambie, principalement par voie ferroviaire. Il vise à faciliter le transport de minerais et d'autres marchandises depuis ces pays vers les marchés internationaux.
Enock Mwaka