Augustin Matata, ancien premier ministre sous le régime de Joseph Kabila, sera devant la justice ce lundi 14 avril. Dans le collimateur de la justice avec Christo Stéphanus Grobler, le directeur d'Africom Commodities, et de Déogratias Mutombo, ancien gouverneur de la Banque centrale, Matata devra répondre de la gestion de fonds publics destinés à la réalisation du Parc Agro-Industriel de Bukanga Lonzo.
L’audience s’annonce particulièrement délicate sur le plan politique et judiciaire. Selon l’extrait de rôle du lundi 9 avril signé par le greffier en chef François Aundja, la haute Cour siégera en matière répressive, dans le cadre de l’affaire RP 002, lors d’une audience publique à haute portée politique et judiciaire.
Selon l'ancien premier ministre de Kabila, ce procès est une manœuvre politique orchestrée par le régime de Félix Tshisekedi. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, l’homme à la « cravate rouge » a exprimé ses craintes quant à une instrumentalisation de la justice pour l’écarter du paysage politique, affirmant que la réactivation de cette affaire n’est qu’un nouvel épisode d’un acharnement politique à son encontre.
Matata a retracé les origines de cette affaire. Pour lui, tout a commencé lorsqu’il a refusé de rejoindre l’Union sacrée, la plateforme politique du président de la République, Tshisekedi. Puis, le dossier a refait surface au moment de la création de son parti, Leadership et gouvernance pour le développement (LGD). Enfin, a-t-il conclu, il a été relancé pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle de décembre 2023.
Ce procès, qui a déjà connu de nombreux rebondissements, avait été initialement renvoyé en raison de l’absence des prévenus. Les avocats de Matata et de ses coaccusés avaient fait valoir que les convocations judiciaires n’avaient pas été correctement délivrées.
En novembre 2021, la haute Cour s’était déclarée incompétente pour juger un ancien chef du gouvernement dans cette affaire, avant que la Cour de cassation ne prenne également la même décision.
Cependant, en juillet 2023, le procureur général près la Cour constitutionnelle a décidé de rouvrir le dossier, relançant ainsi une affaire qui semble se transformer en véritable feuilleton
judiciaire.
Alors que des discussions sur un éventuel gouvernement d’union nationale se profilent, Matata considère la réactivation de ce dossier comme une pression directe pour le contraindre à adopter une posture favorable au pouvoir en place. Affaire à suivre !
Enock Mwaka