À Kinshasa, le commissaire principal au sein de la Police nationale congolaise (PNC), S2 à la région nationale d'intervention, Junior Mboso, a annoncé sa démission dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux. Dans un discours virulent, il accuse la police des liens troubles avec les bandits urbains, les fameux kuluna, dont les exactions plongent depuis plusieurs mois la capitale congolaise dans l’insécurité.
Dans sa déclaration, Junior Mboso ne mâche pas ses mots. « Les criminels sont aujourd’hui en puissance dans la ville-province de Kinshasa suite à l’alliance qu’ils ont faite avec la police. Lorsque vous les arrêtez, vous les mettez à la disposition de la justice, ils disparaissent du district, du commissariat », déplore-t-il.
L’officier affirme disposer de preuves concrètes : des malfaiteurs condamnés lors des audiences foraines mais qui, selon lui, circuleraient librement aujourd’hui dans la capitale.
Estimant que la PNC est devenue un acteur passif, voire complice des violences urbaines, Junior Mboso dit avoir choisi de quitter ses fonctions pour ne pas cautionner un système qu’il juge corrompu.
« C’est un peu décourageant. Alors j’ai décidé de démissionner pour ne pas participer à ce que j’appelle un génocide », déclare-t-il face à la caméra.
Il déplore également que la police ne fasse pas appel, selon lui, à des personnes compétentes capables de lutter efficacement contre le phénomène kuluna.
Dans son message, le commissaire démissionnaire sollicite l'intervention rapide du Chef de l'État. Il appelle le Président Tshisekedi à réformer en profondeur la police, afin de rétablir l’autorité de l’État et la confiance de la population.
Pour rappel, à Kinshasa, l’insécurité reste un sujet brûlant. Attaques nocturnes, cambriolages, extorsions et violences armées rythment le quotidien de nombreux habitants. Malgré les opérations de sécurisation régulièrement annoncées par la PNC, le sentiment d’abandon et de méfiance vis-à-vis des forces de l’ordre demeure largement partagé.
Enock Mwaka